L’inflammation neutrophilique et l’immunothrombose jouent un rôle clé dans les formes sévères de COVID-19. En analysant des échantillons de la Biobanque québécoise de la COVID-19 (BQC19) et d’une cohorte indépendante, une élévation des cytokines IL-17D et IL-17F a été observée chez les patients COVID-19, avec des niveaux plus élevés chez ceux atteints de formes sévères. Des expériences in vitro ont montré que l’IL-17F favorise l’adhésion des neutrophiles aux cellules endothéliales via l’augmentation de l’ICAM-1 à leur surface, un processus atténué par des inhibiteurs de la voie MAPK. Ces résultats suggèrent que l’IL-17F pourrait contribuer à l’immunothrombose dans le COVID-19 sévère en facilitant l’activation endothéliale et l’adhésion neutrophilique.
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L’IL-17F circulante, mais pas l’IL-17A, est élevée dans les cas graves de COVID-19 et entraîne une augmentation dépendante de l’ERK1/2 et de la p38 MAPK de l’expression de l’ICAM-1 à la surface cellulaire et de l’adhésion des neutrophiles sur les cellules endothéliales.
Après une infection par le SARS-CoV-2, une proportion importante de personnes convalescentes développe la condition post-COVID (PCC), caractérisée par des symptômes affectant divers organes. Cette étude a exploré les réponses des cellules B et des anticorps spécifiques aux antigènes du SARS-CoV-2 chez des patients atteints de PCC après une forme légère de COVID-19. Les résultats montrent que, bien que les réponses des cellules B spécifiques au D614G RBD soient comparables entre les groupes convalescents avec et sans PCC, des différences notables ont été observées en fonction du sexe. Chez les femmes atteintes de PCC, la réponse des cellules B et des anticorps anti-spike était plus élevée que chez les hommes, suggérant que des facteurs liés au sexe peuvent influencer le développement de la PCC en modulant les réponses anticorps aux antigènes du SARS-CoV-2.
Développement d’un modèle d’apprentissage automatique basé sur l’ARN non codant long pour prédire la mortalité hospitalière liée à la COVID-19.
Le développement d’outils prédictifs pour les issues de la COVID-19 permet une prise en charge personnalisée et pourrait alléger le fardeau de la maladie. Cette étude collaborative menée par 15 institutions européennes a développé un modèle d’apprentissage automatique pour prédire le risque de mortalité hospitalière post-infection au SARS-CoV-2. En analysant des échantillons sanguins et des données cliniques de 1286 patients issus de cohortes en Europe et au Canada (2020-2023), 2906 longs ARN non codants ont été profilés par séquençage ciblé. Dans une cohorte de découverte de 804 patients européens, l’âge et l’ARN LEF1-AS1 ont été identifiés comme variables prédictives, avec une AUC de 0.83 (IC 95% 0.82–0.84) et une précision équilibrée de 0.78 (IC 95% 0.77–0.79) via un classificateur par réseau neuronal. Une validation dans une cohorte canadienne indépendante de 482 patients a confirmé ces performances. Une analyse de régression de Cox a montré qu’une expression élevée de LEF1-AS1 était associée à une réduction du risque de mortalité (HR ajusté sur l’âge = 0.54, IC 95% 0.40–0.74). La PCR quantitative a validé son adaptabilité en milieu hospitalier. Ce modèle prédictif constitue une avancée prometteuse pour l’optimisation de la gestion des patients COVID-19
L’élimination de l’ARN du SARS-CoV-2 dans le plasma et la cinétique du RAGE permettent de distinguer la gravité de la COVID-19.
L’identification de biomarqueurs influençant la cinétique d’infection par le SARS-CoV-2 est essentielle pour optimiser le diagnostic et les stratégies thérapeutiques de la maladie COVID-19 sévère. En appliquant un modèle mathématique simple aux dynamiques de l’ARN viral plasmatique (vRNA) chez 256 patients hospitalisés, cette étude a révélé que les taux de clairance distinguent les profils de progression de la maladie. De plus, une forte corrélation a été observée entre la cinétique du vRNA et les concentrations plasmatiques du récepteur des produits de glycation avancée (RAGE), un biomarqueur de lésions pulmonaires, suggérant que RAGE pourrait servir d’indicateur substitutif pour classifier les patients gravement atteints. Ces résultats soulignent l’intérêt des modèles mathématiques pour décrypter les mécanismes de la COVID-19 et orienter les interventions visant à accélérer l’élimination virale.
Analyse génomique des cas graves de COVID-19 avec ou sans comorbidité asthmatique : conclusions de l’étude GWAS menée sur la cohorte BQC19.
Cette étude explore l’influence des facteurs génétiques sur la sévérité de la COVID-19, en particulier chez les patients asthmatiques. En analysant 2131 échantillons de la Biobanque québécoise de la COVID-19 (BQC19), dont 1499 cas positifs, les chercheurs ont identifié sept variantes génétiques associées aux formes sévères de la maladie, impliquant notamment les gènes SCN10A, DSP, RP1, IGFL1 et DOK5. Chez les patients asthmatiques atteints de formes sévères, quatre autres variants ont été trouvés dans les gènes TMEFF2 et HIP1. Ces résultats contribuent à une meilleure compréhension des facteurs génétiques influençant la gravité de la COVID-19.
L’analyse des facteurs génétiques de l’hôte permet de mieux comprendre la sévérité et la susceptibilité à la COVID-19. Cette étude présente une mise à jour de l’étude d’association pangénomique (GWAS) du COVID-19 Host Genetic Initiative, incluant jusqu’à 219 692 cas et plus de 3 millions de témoins. Elle identifie 51 loci significatifs, dont 28 nouveaux, impliqués dans trois voies biologiques majeures : l’entrée virale, la défense des voies respiratoires et la réponse interféron de type I. Ces découvertes affinent notre compréhension des mécanismes génétiques influençant la maladie et ouvrent des pistes pour le développement thérapeutique.
Une signalisation IFN soutenue est associée à un retard dans le développement de l’immunité spécifique au SARS-CoV-2.
Une analyse de 782 échantillons plasmatiques de 318 patients hospitalisés a permis d’identifier quatre sous-groupes de patients atteints de COVID-19. Les patients gravement malades sous ventilation mécanique se divisent en clusters à bon pronostic et à forte mortalité, tandis que les survivants non critiques sont séparés selon leurs réponses d’anticorps précoces. Le cluster à forte mortalité est enrichi en signatures transcriptomiques liées à la sévérité de la COVID-19. Les clusters critiques et non critiques avec des réponses d’anticorps retardées présentent des signatures d’IFN soutenues, négativement corrélées avec les niveaux d’IgG spécifiques à la RBD et la fréquence des cellules B et CD4+ spécifiques au SARS-CoV-2. Ces résultats suggèrent que le « paradoxe de l’IFN », observé dans des modèles murins, est également actif dans le COVID-19, avec un excès de signalisation d’IFN retardant l’immunité adaptative spécifique au virus.
Les symptômes post-COVID sont associés à des endotypes reflétant une mauvaise modulation inflammatoire et hémostatique.
Cette étude explore les mécanismes de la COVID longue en analysant l’expression génétique sanguine de 24 patients hospitalisés pour COVID-19, avec un suivi de 4 à 12 semaines après leur sortie. Les patients sans symptômes persistants ont montré une régulation plus marquée des gènes inflammatoires et de la coagulation, tandis que ceux souffrant de COVID longue présentaient deux profils distincts : une inflammation/coagulation soit persistante (Unresolved), soit inhibée (Suppressive). Trois endotypes ont ainsi été identifiés et validés dans une cohorte externe, permettant une classification clinique potentielle via des signatures génétiques spécifiques. Ces résultats ouvrent la voie à une prise en charge personnalisée de la COVID longue.
Le taux de taurine plasmatique est lié à la gravité des symptômes et aux résultats cliniques dans les cas de COVID post-infectieux.
Cette étude explore le rôle de la taurine plasmatique dans la COVID longue (post-COVID condition ou PCC) en analysant le profil métabolique et protéomique de 117 patients hospitalisés pour COVID-19, comparés à 28 témoins sains. Des niveaux élevés de taurine sont associés à une réduction des symptômes du PCC et des événements cliniques indésirables, indépendamment de la sévérité initiale de l’infection. L’augmentation de la taurine entre la phase aiguë et la convalescence est corrélée à une protection significative. Ces résultats suggèrent que la taurine pourrait être un biomarqueur prédictif et une cible thérapeutique à explorer pour la COVID longue.
Cette étude explore l’utilisation de 4701 protéines circulantes pour prédire la sévérité de la COVID-19 dans deux cohortes indépendantes totalisant 986 individus. Les modèles de prédiction intégrant les abondances protéiques et les facteurs de risque cliniques ont permis de prédire la sévérité du COVID-19 avec une aire sous la courbe (AUC) de 88% dans la cohorte d’entraînement et de 86% dans la cohorte de test. Les protéines sélectionnées étaient principalement associées aux cytokines et récepteurs de cytokines, mais plus de la moitié des voies enrichies n’étaient pas liées au système immunitaire. Ces résultats suggèrent que la mesure des protéines circulantes en début de progression de la maladie peut être un bon indicateur de la sévérité du COVID-19, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour intégrer cette mesure en pratique clinique.